Lors de l’émission Portraits de Femmes diffusée sur la RCF Calvados Manche, Olga de Saint-Jore et Jean-Yves Patry ont été interrogés sur l’association L’Étape en général, sur l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes en particulier.
Tout au long de l’émission radiophonique, l’historique de la structure viroise, ses missions, son label Égalité et les sujets afférents à cette thématique ont été évoqués.
L’association L’Étape, créée à Vire il y a déjà 20.ans, avait pour objectif, à ses débuts, d’offrir des services de proximité aux habitants du Bocage. Ainsi, une offre de repas pour le déjeuner, des services de location de deux-roues pour permettre aux personnes à faibles revenus de se déplacer et une structure nommée « La Corbeille à linge » pour le repassage ont été imaginés par la petite équipe de 7 à 8 personnes aux côtés de Jean-Yves Patry, à l’époque président de l’association.
20 ans plus tard, 38 salariés constituent une équipe de professionnel-le-s répartie dans 19 sites bas-normands, jusqu’à Caen et Lisieux, des villes dans lesquelles ce type de services existait, mais où L’Étape apporte une approche différente.
Le cœur de métier de l’association, comme son nom L’Étape-emploi l’indique, reste l’activité professionnelle. En outre, c’est en 2001 que la question de l’égalité entre les femmes et les hommes s’est posée aux salarié-e-s de L’Étape. À partir du constat « Les femmes n’accèdent pas à l’emploi comme les hommes, pourquoi ? », les conseiller-ère-s en insertion professionnelle se sentaient parfois démuni-e-s, en manque d’arguments face à des recruteurs refusant des CV féminins. Dans le cadre de l’obtention du Label Égalité, norme créée en 2004 par AFNOR Certification, sous la direction de Nicole Ameline, députée du Calvados, L’Étape a développé, d’abord en interne, puis à destination des entreprises, associations et collectivités, la mission de l’égalité entre les femmes et les hommes.
L’obtention du Label Égalité par l’association L’Étape a permis de développer de nombreuses prestations :
- une mission d’expertise et d’audit, pour le compte de l’AFNOR, auprès de structures souhaitant obtenir le label
- une mission de conseil en entreprise, via des organisations, des groupements d’entreprises, la DIRECCTE – Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi -, le service du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, …
- des formations destinées à tous publics
- l’organisation d’événements…
Avant de faire du conseil à l’extérieur, il a d’abord été question, il y a une dizaine d’années déjà, de mettre l’égalité en pratique en interne. Malgré la mobilisation et la vigilance de chaque instant, Olga rappelle que les choses bougent et évoluent, mais lentement. Dans certains domaines on peut même noter une régression.
« L’égalité n’est pas une réponse, c’est une nouvelle manière de poser les questions. » E. Castoriadis
En matière de conseil aux entreprises, il ne s’agit pas de copier-coller les éléments d’une démarche de labellisation à une autre. En effet, il est indispensable de tenir compte des spécificités de chaque structure, son histoire, son environnement, sa culture ou son contexte géographique par exemple.
Sensibilisation chez les jeunes, dans les établissements scolaires
Au-delà du travail avec les adultes, les chargées de mission égalité de L’Étape interviennent dans les établissements scolaires. En effet, une habilitation par l’Éducation Nationale permet à l’association loi 1901 d’intervenir dès le plus jeune âge pour sensibiliser aux stéréotypes de genre et à l’égalité entre filles et garçons. Il s’agit là d’ouvrir le champ des possibles, car la France est héritière d’un lourd passé de pratiques culturelles et éducatives ; d’alerter pour ne pas restreindre les champs professionnels, les choix, les libertés ; d’éveiller les consciences sur les stéréotypes et sur le poids inconscient que cela fait porter. Ce travail s’étend sur le long terme, car l’égalité entre les filles et les garçons et la lutte contre les stéréotypes de genre constituent le fil conducteur de la démarche du « bien-vivre ensemble » conduite par les collèges, de la 6e à la 3e.
En outre, apprendre à féminiser ou masculiniser les noms de métiers n’est pas anodin ; nommer les choses les rend visibles, donc possibles. Lorsque les jeunes filles choisissent un métier en apparence réservé aux hommes, comme mécanicienne ou maçonne, cela génère un gros travail pour les acteur-trice-s de l’insertion professionnelle, dans le cadre de l’accompagnement vers et pendant l’emploi. Il s’agit là de profils de compétences souvent très qualitatives à valoriser.
Pour terminer, la question a été posée en ce qui concerne les violences faites aux femmes. Olga y a répondu en évoquant la bénéfique médiatisation croissante de ce phénomène, même si le sujet reste encore tabou. Toutefois, les révélations et les plaintes augmentent, car il existe de plus en plus de structures de proximité pour venir en aide aux femmes et à leurs enfants. À Vire, le dispositif global porté par L’Étape rassemble un vaste réseau de partenaires : assistantes sociales, gendarmes, juristes, psychologues et professionnels de santé, etc…
En conclusion de cette interview, le directeur de L’Étape, Jean-Yves Patry, a évoqué les événements que l’association organise, rappelant que la multiplication des partenaires locaux de terrain permet des solutions démultipliées. Les exemples des expositions en matière d’égalité, mais aussi l’implication de l’association dans la Semaine européenne de la mobilité en sont révélateurs.